1915
Au début de l'année 1915 le front est stabilisé, de la mer du Nord à la Suisse les soldats vivent tant bien que mal dans 650 kilomètres de tranchées qui font face à autant d'aménagements sur le front adverse. La priorité est à la préparation de grandes offensives et à la constitution de réserves de munitions pour l'artillerie.
Les équipements évoluent, on abandonne enfin le pantalon "garance" qui faisait de nos fantassins des cibles voyantes et les casques apparaissent. En effet, en 1914 les soldats n'étaient équipés que d'un képi et les blessures à la tête étaient particulièrement nombreuses à cause des éclats d'obus. La décision de fourniture du casque dit "casque Adrian" est du mois de février 1915, 1 600 000 casques sont commandés en mai, leur distribution ne sera généralisée que lors des offensives de septembre.
Plusieurs neuvicois meurent dans les tranchées ou bien des suites de blessures dans les hôpitaux de Dijon, Dunkerque ou Bordeaux.
Latournerie Louis, mort le 03/02/1915 dans les tranchées à 900 mètres de la ferme des Marquises (Marne) 126e RI (Brive) Né à Périgueux le 25/0/1891, fils d'Elie et de Marie Bertin, tourneur sur bois.
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Campagnac Paul (François Etienne sur la fiche MDH) mort le 12/2/1915 à Dijon des suites de blessures 151e RI Né à Grignols le 20/08/1894, acte de décès transcrit à Grignols. |
Fresseinge Gabriel, mort le 13/02/1915 à hôpital militaire de Dunkerque, transcrit à Périgueux le 20/2/1915 d’après la fiche MDH, mais acte de décès sur le registre de Neuvic le 04/07/1916. |
Courty Jean, mort le 15/03/1915 à l'hôpital de Dunkerque, acte transcrit à Neuvic le 09/08/1916. |
Sudre Gaston Ferdinand, mort le 08/04/15 méningite à Bordeaux (fiche MDH), pas de date de transcription ni de trace à Neuvic |
A Neuvic, le 14 mars, le conseil municipal propose que l'hospice accueille de nouveaux blessés. Les réfugiés du Pas de Calais et de Belgique qui ont été hébergés provisoirement en février ont été relogés ailleurs.
Les registres d'état civil de Neuvic garde le témoignage de la présence de ces réfugiés :
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Pendant un an, d'octobre 1914 à octobre 1915, le secteur de Notre Dame de Lorette est l'objet de luttes farouches. C'est un promontoire modeste (165 m) mais cette position dominante permet d'observer la région d'Arras. L'actuelle nécropole possède 45 000 tombes mais plus de 100 000 soldats français ont péri dans ce lieu !
En mai 1915, le 31e Bataillon de Chasseurs subit des attaques d'artillerie, les premières lignes sont désorganisées, les attaques prévues sont annulées ou repoussées par de violents tirs de mitrailleuses. Paul Chastanet fait partie des victimes de ce jour. Du 9 au 11 mai, le bataillon a subi de lourdes pertes : 12 officiers (6 tués, 6 blessés), 21 sous-officiers, 466 caporaux et chasseurs. (Source : JMO du 31e BC)
Chastanet Paul, mort le 10/05/15 à Notre Dame de Lorette (Pas de Calais). |
Des soldats meurent aussi en captivité. Louis Jabel est mobilisé à Marmande trois semaines après son mariage. Le 20e RI est dirigé vers les Ardennes où les premiers combats ont lieu à partir du 21 août 1914.
En 3 jours, le régiment perd 26 officiers et 1350 hommes, dont 220 tués. Les restes du régiment et les renforts de réservistes participent à la bataille de la Marne (Maisons en Champagne).
Le 15 septembre 1914, le régiment subit de lourdes pertes et le premier conseil de guerre est tenu pour "juger les isolés qui n'ont pas suivi" (les sentences ne figurent pas dans le journal du régiment). Louis Jabel, est sur la liste des disparus du 15 septembre (Cf. JMO du 20e RI, page 26)
Sa fiche MDH porte mention de son décès en captivité le 10 mai 1915.
Jabel Louis (Léonce sur le monument), mort le 10/5/1915, acte transcrit à Neuvic le 14/6/1921 : prisonnier de guerre (16/02/1915 à Perthes) mort en captivité à Merseburg. |
Dès le mois de décembre 1914, le Grand Quartier Général demande aux officiers de "réagir contre l'action déprimante de la tranchée" et de "maintenir l'esprit offensif des troupes". Il faut donc "monter des attaques" pour tenter de grignoter quelques mètres de terrain, une ligne de tranchées, maintenir l'adversaire sur la défensive... Ces opérations ne débouchent sur aucune avancée mais Joffre déclare que ces attaques "grignotent le front allemand".
L'offensive française et anglaise du printemps en Champagne et Artois est un échec qui se solde par 215 000 tués.
En avril, la première utilisation des gaz de combat à Ypres marque un nouveau degré dans l'échelle de l'horreur...
Queyroi Jules, mort le 06/06/1915 à Het-Sas (Belgique), acte transcrit à Neuvic le 31/8/1915. 57e RI puis 418e RI Né à St Germain du Salembre le 02/03/1895, fils de Raymond (décédé aux Granges en 1909) et de Françoise Lherbat (décédée à Puy de Pont en 1903)
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Bourdier Louis, mort le 13/07/15 à la Chalade (Meuse), acte transcrit à Neuvic le 15/05/1920. Caporal au 76e RI Né le 03/11/1897 à Montpon.
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Poublanc Maurice, mort le 18/08/15 à Aubérive (Marne), acte transcrit à Neuvic le 27/07/1918. Caporal au 50e RI Né à Bordeaux le 01/02/1889 – fils de Jeanne Poublanc, cultivateur.
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Depuis plusieurs mois, Joffre préparait une grande offensive, à la fois pour relancer la guerre de mouvement et pour renforcer sa crédibilité auprès des autorités politiques qui commençaient à critiquer les choix de l'état-major.
Initialement prévue pour le 8 septembre, l'attaque préparée par un pilonnage d'artillerie de trois jours, est déclanchée le 25 septembre sur un front de 25 kilomètres autour d'Aubérive. Elle est coordonnée avec une offensive franco-anglaise en Artois qui doit servir de point de fixation pour prévenir les renforts allemands en Champagne.
Après trois jours de combats les pertes sont lourdes et le gain de terrain est dérisoire. Dès le 1er octobre, le général Pétain met fin à l'offensive.
La seconde bataille de Champagne a fait 27 851 tués; 98 305 blessés, 53 658 prisonniers et disparus du côté français.
Six soldats de Neuvic sont tués pendant ces dix jours de combat en Artois et Champagne :
Naboulet Louis, mort le 25/09/1915 à Neuville St Vaast (Pas de Calais), acte transcrit à Neuvic le 06/03/1916. 108e RI Né à Neuvic (Boisset) le 26/08/1890, cultivateur à St Léon.
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Fraisse Jean (Julien sur le monument), mort le 25/09/1915 à l'attaque du Moulin rouge à Neuville St Vaast (Pas de Calais). Acte transcrit à Neuvic le 26/01/1921. 326e RI Citation à l'ordre du régiment, croix de guerre avec étoile de bronze Né à Léguillac de l’Auche (Jalabrou) le 22/07/1880, fils de Paulin et d'Anne Fruchou
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Beaugier Louis Joseph, mort le 25/09/1915 à Vailly (Aisne), acte transcrit à Neuvic le 05/03/1916. Caporal au 8e rég de tirailleurs. Né à Vallereuil (Coutet) le 04/09/1894.
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Dupeyrat Victor, mort le 26/09/1915 à Massiges (Marne), acte transcrit à Neuvic le 26/04/1921. 15e RI D'après la fiche MDH, il serait né le 16/12/1895 à Chantérac, mais il ne figure pas sur l'état-civil de Chantérac. à vérifier d’après la fiche matricule :
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Martin Antoine, mort le 06/10/1915 au combat de Champagne, ferme Navarin (Marne), acte transcrit à Neuvic le 11/06/1921. Caporal au 208e RI. Né le 27/06/1874 à Neuvic (Magnou)– 40 ans. Marié à Neuvic le le 26/10/1905 avec Rose Vaillier (née à Coursac le 28/01/1883), une fille, Thérèse, née le 10/03/1906 aux Léonardoux, un fils André, né le 4/11/1907 aux Jandis, une fille, Louise, née le 17/04/1911 aux Jandis.
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Mazeau Albert, mort le 11/10/1915 à Neuville St Vaast (Pas de Calais), acte transcrit à Neuvic le 21/12/1915. 108e RI Né le 21/10/1893 à Neuvic (Planèze) – 22 ans
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Lestang Louis (Raoul sur le monument), porté disparu le 25/09/1915 à Neuviclle St Vaast, mort le 02/10/1915 à l’hôpital de Ste Anne d'Auray (Morbihan) des suites de blessures de guerre, pas de transcription à Neuvic. Sergent fourrier au 126e RI. Né le 14/4/1890 à Neuvic (Planèze), 25 ans, cultivateur.
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Extrait du registre du curé de Neuvic, l'abbé Tocheport : "Les blessés de l'hôpital et ceux qui ont été recueillis chez Mlle Labaysse, et jusqu'à la suppression de ces deux hôpitaux temporaires survenue au temps de Pâques, ont été charitablement traités par la population.(...) Le local de Mlle Labaysse est transformé en infirmerie du dépôt de la 25e compagnie du 73e territorial cantonné dans les bâtiments de l'usine Marbot. Le moral de la population, malgré la durée des hostilités et les deuils multipliés, reste bon. La confiance dans la victoire finale est à peu près dans tous les coeurs.(...) En résumé, résignation passive, sans aucun acte extérieur de révolte." |
Les Dardanelles et la campagne de Serbie :
L'empire ottoman déclare la guerre à la France le 31 octobre 1914. Des tentatives de débarquement de troupes anglaises échouent en février 1915. Ce n'est qu'au 25 avril qu'une tête de pont peut être établie
Le 176e RI embarque à Marseille en mai 1915 vers Sedh-Ul-Bahr, sur la côte européenne de la Turquie. Dès leur arrivée, nos soldats sont en première ligne et subissent quelques pertes. C'est aussi la guerre de tranchées , les semaines suivantes sont consacrées au creusement et à l'amélioration des tranchées et boyaux. A l'approche de l'hiver, la situation est bloquée. La retraite est décidée et se déroule dans des conditions satisfaisantes, deux divisions sont embarquées vers Salonique au secours de la Serbie. Le bilan de l'expédition aura été la mise hors combat de 50 000 Français (Sénégalais compris) et 200 000 Britanniques.
En octobre, le régiment est à Salonique, puis il embarque pour la Serbie à partir du 8. A la fin du mois, des combats violents contre l'armée bulgare provoquent des pertes importantes : pendant la journée du 26 un officier tué, 14 hommes et 61 blessés.
En date du 2 décembre, le Journal de Marche du régiment note "Rien à signaler". C'est pourtant ce jour-là que meure Louis Lacoste, à 20 ans, "des suites de maladie contractée en service" !
Lacoste Louis, mort le 02/12/15 à Guevgueli (Serbie), acte transcrit à Neuvic le 27/07/1918. 176e RI Né le 28/09/1895 à Neuvic (les Jeandilloux ), célibataire, 20 ans |
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